Ce mois-ci, j’ai souhaité partager l’expérience d’un contrôleur aérien à la retraite ayant utilisé la sophrologie tout au long de sa carrière pour gérer le stress inhérent à son métier.
Bonjour Michel, merci de nous accorder ce témoignage. Tu as travaillé à la tour de contrôle de Genève pendant 30 ans et ton expérience est précieuse.
Peux-tu nous expliquer quels ont été les facteurs de stress liés à ton ancien métier ?
C’est un métier stressant par nature, on a la responsabilité de vies humaines car nos décisions peuvent impliquer la vie ou la mort. Les actions doivent être anticipées et aboutir à un résultat précis un moment après, avec des avions qui volent, atterrissent ou décollent à plusieurs centaines de km par heure.
On a aussi la gestion simultanée de nombreux avions en mouvement contenant des passagers. Les choses évoluent vite et l’on n’a pas le moyen de les arrêter.
Il faut s’adapter en permanence à une situation extrêmement changeante, sans pouvoir agir directement dessus, mais seulement par l’intermédiaire des pilotes. C’est un peu comme conduire une voiture de course sans tenir le volant soi–même mais en donnant des ordres à celui qui le tient.
Comment as-tu connu la sophrologie ?
Un ami organisait des cours avec un sophrologue dans les années 80 à Rolle. J’ai tout de suite compris que cela pourrait m’aider dans ma formation de contrôleur, en arrivant à rester calme malgré les émotions et les tensions. Nous avons fait des exercices pour apprendre à se détendre à l’aide de la respiration abdominale.
Comment utilisais-tu la sophrologie dans ton métier ?
Il me suffisait de respirer profondément avec le bas ventre en étant concentré sur mon corps pour ralentir mon rythme cardiaque et alors retrouver immédiatement la sérénité et la clarté d’esprit. J’avais associé l’entraînement à la respiration profonde avec une détente totale. Et cela assis à mon poste de travail, les yeux ouverts (sic) devant mes écrans, tout en surveillant la situation à l’extérieur par la vue directe de la tour, ou en salle face aux radars. Bref, en pleine action.
A quels moments en particulier y as-tu fait appel ?
Dès que la tension montait trop, que la difficulté s’accroissait et que la gestion de la situation ne permettait plus aucune erreur. Ou par exemple, si un avion déclarait une urgence et qu’il fallait changer tout ce que l’on avait préparé pour lui donner la priorité absolue.
A quoi voyais-tu que la tension montait ?
Quand la situation se compliquait et qu’il commençait à y avoir trop de choses à gérer pour pouvoir suivre. Or il faut s’en rendre compte avant d’être débordé pour continuer à faire les choses correctement. Par exemple une accumulation d’appels, d’avions, de problèmes météo… Il ne fallait alors pas céder à la panique, et prendre des actions immédiates et claires pour maîtriser la situation.
Qu’est-ce que cela t’a apporté ?
La sophrologie m’a permis de garder mon sang–froid dans des circonstances de grand stress. Je peux dire en toute humilité que cela m’a aidé à sauver des vies et finir ma carrière sans avoir de cas sur la conscience ni de remords.
Quelles seraient tes recommandations pour un jeune contrôleur qui débute dans le métier ?
Sans aucune hésitation, faites de la sophrologie.